« Filets obscurs », un reportage photographique de Pierre Gleizes
Neuf semaines de reportage sur la surpêche industrielle en Afrique de l’Ouest à bord de l’Esperanza de Greenpeace… À la galerie Fait & Cause du 18 septembre au 26 octobre.
Missionné, en tant que photographe, par l’organisation internationale de défense de l’environnement Greenpeace, j’ai suivi en 2017 sa campagne « Espoir » en Afrique de l’Ouest. Un périple hauturier entre Cap-Vert, Sierra Leone, Mauritanie, Sénégal, Guinée Bissau et Guinée Conakry.
Les pays précités ne disposant pas des moyens nécessaires, les espaces marins que nous avons sillonnés sont rarement surveillés. Pour ce faire, Greenpeace a mis à la disposition d’une dizaine d’inspecteurs des pêches mandatés par leurs gouvernements, un dispositif logistique pour leur permettre de contrôler les navires présents dans les ZEE (Zones Economiques Exclusives) qui s’étendent sur 320 km au large des côtes des états souverains. Un hélicoptère permettait de mieux localiser les navires dispersés sur d’immenses territoires et une fois les bateaux repérés, nous les abordions en canots pneumatiques après nous en être rapprochés avec l’Esperanza.
Dans ce contexte, j’ai participé, en tant que photographe-observateur, à tous les vols effectués, soit 21 patrouilles aériennes et j’ai accompagné les inspecteurs à bord de 37 chalutiers de toutes nationalités pour photographier les procédures de contrôles.
Onze bâtiments ont été arraisonnés en flagrant délit d’infractions graves et renvoyés au port, soit 30 % de contrevenants aux codes des pêches, un taux alarmant qui confirme les suspicions de pillage des ressources sur fond de corruption décomplexée.
Les industriels de la pêche disposent aujourd’hui des moyens suffisants pour vider les océans. Partout, les tricheurs sont à l’affût pour mieux servir leurs intérêts à court terme, quitte à voler les ressources halieutiques de populations qui figurent parmi les plus pauvres au monde et à anéantir leur mode de pêche artisanale.
Sur les ponts, nous avons entendu la clameur de l’interminable agonie de milliers d’animaux marins arrachés à leur biotope avec une violence mécanique inouïe… Nous avons assisté à l’immense gaspillage des poissons « morts pour rien », ces prises dites « accessoires », non commercialisables sur les marchés visés qui sont rejetées à la mer.
Cette maltraitance animale et environnementale s’inscrit – comme si cela ne suffisait pas – dans un contexte d’exploitation humaine et où les poissons ne sont pas les seuls menacés… Sur de nombreux bateaux, nous avons rencontré des équipages travaillant dans des conditions d’hygiène et de sécurité indignes de notre siècle.
Lors de cet intense reportage, j’ai eu le privilège de vivre des moments de proximité exceptionnelle avec un monde peu connu, car généralement inaccessible derrière l’horizon. J’ose espérer que mes photos en rendent compte… Pierre Gleizes
Vernissage le mardi 17 septembre de 18h à 21h
[Source : communiqué de presse]
Articles liés
« Les Misérables », une nouvelle production brillante au Théâtre du Châtelet
Plus de quarante ans après la première création en français, l’opéra d’Alain Boublil et de Claude-Michel Schönberg revient au Théâtre du Châtelet dans une nouvelle version et une mise en scène de Ladislas Chollat. Quarante interprètes dont des enfants...
“Moins que rien” : l’histoire de Johann Christian Woyzeck adaptée au Théâtre 14
L’histoire est inspirée de l’affaire de Johann Christian Woyzeck (1780-1824) à Leipzig, ancien soldat, accusé d’avoir poignardé par jalousie sa maîtresse, Johanna Christiane Woost, le 21 juin 1821. Condamné à mort, il a été exécuté le 27 août 1824....
La Scala présente “Les Parallèles”
Un soir, dans une ville sans nom, Elle et Lui se croisent sur le pas d’une porte. Elle est piquante et sexy. Lui est hypersensible et timide. Il se pourrait bien que ce soit une rencontre… Mais rien n’est moins sûr, tant ces deux-là sont maladroits dans leurs...